Familles MASSON (Quebec) - GAUMONT,
GOMOND (Paris)
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Sommaire:
MASSON,
JOSEPH, homme d'affaires, officier de milice, seigneur, homme
politique et juge, né le 5 janvier 1791 à Saint-Eustache, Québec,
fils d'Antoine Masson, menuisier, et de Suzanne Pfeiffer (Payfer) ;
décédé le 15 mai 1847 à Terrebonne, Bas-Canada, inhumé trois
jours plus tard dans l'ancienne église de ce village, et réinhumé
le 20 mars 1880 dans l'église actuelle, où se trouve le caveau de
la famille Masson.
L'ancêtre
de Joseph Masson, Gilles Masson, était né dans le Poitou dans les
années 1630, selon les historiens. Il serait arrivé en
Nouvelle-France après 1663 et s'y serait marié avec Marie-Jeanne
Gauthier en 1668, date à laquelle il habitait le fief de la Poterie
où il était censitaire. Il est possible que Gilles Masson et
plusieurs de ses descendants aient participé sur une base
saisonnière à la traite des pelleteries, mais la tradition
principale de la famille sera paysanne. Après plusieurs années
d'hésitations et d'instabilité, il finit par se fixer en 1691 à
Sainte-Anne-de-la-Pérade (La Pérade), près de Trois-Rivières, où
il meurt en 1715, selon Cyprien Tanguay, ou en 1716, selon Henri
Masson. C'est de son troisième fils, Joseph, que descendra l'homme
d'affaires Joseph Masson. Si Antoine Masson est illettré, son fils
Joseph fréquente quant à lui l'école. Ce fils unique, qui a trois
sœurs dont une seule, Catherine, lui survivra, est placé en
apprentissage dans l'établissement du commerçant britannique Duncan
McGillis, à Saint-Benoît (Mirabel), où il commence à travailler
en 1807 à titre de commis. Son contrat d'apprentissage stipule qu'il
s'engage envers son patron pour une période de deux ans, en retour
de quoi il sera logé, éclairé, chauffé, nourri et blanchi aux
frais de ce dernier et recevra de plus la somme de £36. dont une
moitié sera versée au bout d'un an et l'autre, à la fin de son
engagement. À l'époque, les termes commis de magasin et apprenti
marchand sont presque synonymes. Aussi le commis est-il initié au
cours de son stage à tous les aspects de l'activité commerciale. Le
jeune Joseph est sans doute au comptoir plus souvent qu'à son tour,
mais il profite de l'occasion pour apprendre la comptabilité, la
perception des comptes ainsi que la langue anglaise. Il se
familiarise aussi avec une activité à laquelle il allait s'adonner
pendant une grande partie de sa vie, la fabrication et la vente de la
potasse. Le commerce de la perlasse et de la potasse, qui prend de
l'ampleur au début du xixc siècle en même temps que le commerce du
bois, joue alors un rôle fort important dans l'économie des
paroisses et des régions où les défrichements ne sont pas trop
avancés. Une fois ses obligations remplies à l'égard de McGillis,
Masson se rend à Montréal et trouve un emploi chez Mme McNider,
commerçante au détail elle aussi. Peu après son arrivée à
Montréal, Masson fait la connaissance du marchand écossais Hugh
Robertson rencontre qui marque incontestablement le point de départ
de sa carrière d'homme d'affaires. En effet, en mai 1812. Robertson
annonce à William, son frère et associé à Glasgow, qu'il vient
d'engager « un garçon très débrouillard, qui va [lui] servir de
crieur ». Après des débuts difficiles, Hugh Robertson est venu au
Bas-Canada en 1810, à l'âge de 33 ans, comme représentant de la
firme Hugh Robertson and Company de Glasgow qui exporte surtout des
lainages et d'autres textiles en échange de potasse, de blé et de
certains produits forestiers. Pendant plusieurs années, cette
entreprise semble ballottée par des vents contraires puis, en 1814,
elle est mise en faillite. Le sort de Masson dépend de celui de
l'entreprise, de sorte qu'il est tantôt mis à pied, tantôt
réengagé. On ignore quelles sont alors ses ambitions mais, beaucoup
plus tard, lorsqu'il aura connu le succès, il écrira : « M.
Robertson n'a qu'un reproche à me faire, c'est mon ambition de
brasser trop d'affaires et, comme il dit, mon désir de faire trop
d'argent. Mais je lui ai toujours dit que je ferais tout mon foin
pendant que le soleil luit et pourquoi prendre vingt ans pour
réaliser une fortune si on peut la faire en cinq ans sans aucun
risque. » C'est principalement à l'intérieur de l'entreprise des
frères Robertson qu'allait se dérouler la carrière de Masson. Une
fois remise sur pied, la société Robertson se réorganise de façon
à se protéger contre certains revers de fortune par la création de
deux maisons : une première à Glasgow, connue sous le nom de W.
Robertson and Company, et une seconde à Montréal, désignée sous
la raison sociale Hugh Robertson and Company. Comme Hugh Robertson
s'adapte fort mal au climat canadien et qu'il espère retourner le
plus tôt possible et pour de bon en Grande-Bretagne, il fait des
offres intéressantes à Masson à qui il songe confier
éventuellement la gestion de la firme montréalaise. Masson refuse
la condition de salarié et se fait plutôt accorder celle d'associé
à qui on attribue un huitième des profits de la société dès lors
dénommée Robertson. Masson and Company, même si la maison
écossaise reste entièrement dirigée par les frères Robertson. Dès
avant la date de l'entrée en vigueur de son contrat d'association
aux Robertson. le 1er mai 1815 on envoie Masson en Grande-Bretagne
pour procéder avec William Robertson aux achats du printemps C'est
un voyage qu'il allait effectuer très souvent parfois d'année en
année, jusqu'à sa mort de sorte qu'il ne cesserait d'approfondir sa
connaissance des marchés canadien et britannique. Une remarque de
Hugh à son frère à propos de leur jeune associé canadien encore
inexpérimenté quant aux conditions du marché en Grande-Bretagne
éclaire ce problème : «J'ai bien confiance, écrit-il en 1814,
qu'avec son expérience des besoins du marché local ses dépenses
seront justifiées par le bon choix qu'il y fera » Choisir des
marchandises qui s'écoulent bien sur le marché bas-canadien et même
haut-canadien et les importer en quantités suffisantes seront
toujours les préoccupations majeures de Masson qui entrera souvent
en conflit à ce sujet avec Hugh, son associé écossais hanté par
la crainte de se livrer à des achats excessifs. En 1821, Masson
rassure ce dernier en disant : « Mais même si vos envois sont trop
considérables, aucune maison n'a ici de meilleures chances que la
nôtre [d'en disposer] car c'est à nous en premier que font appel
tous les marchands les plus respectables (...] et il n'existe aucune
maison qui puisse vendre moins cher [... ] en tout temps je vous
recommande d'envoyer si possible une quantité suffisante de chaque
article que nous commandons. » Il lui fera même remarquer : « Le
soin qu'on apporte en affaires est la moitié de la bataille, et très
souvent le manque d'information peut jouer à rencontre de nos
intérêts. » Hugh Robertson n'attend pas bien longtemps avant de
retourner définitivement en Ecosse. Le 15 août 1815, il s'embarque
sur le Montréal, en laissant à Masson la gestion de la maison
canadienne. Cet accroissement de responsabilités et l'efficacité
avec laquelle ce dernier s'acquitte de sa tâche nécessitent un
nouveau partage des profits et pertes de la Robertson, Masson and
Company. Le 31 mars 1818, un nouveau contrat d'association augmente à
un tiers la participation de Masson aux bénéfices de la compagnie à
Montréal. Il peut aussi jouir gratuitement de l'usage de la maison
de Robertson à Montréal. En juin 1819, après la mort de William
Robertson, Masson est admis à recevoir 50 % des profits. Jusque-là
les succès de Masson, sans être foudroyants, ont été soutenus et
assez rapides. Sans investir aucun capital au départ, il est parvenu
à accumuler des gains substantiels et surtout à acquérir une
grande expérience des affaires. Le 6 avril 1818, il a épousé à
Laprairie (La Prairie) Marie-Geneviève-re Raymond, alors âgée de
19 ans, fille de Jean-Baptiste Raymond, homme d'affaires de ce
village. Fils d'un trafiquant de fourrures, Raymond fait aussi le
commerce des grains et de la potasse et a été député de la
circonscription de Huntingdon à la chambre d'Assemblée du
Bas-Canada de 1800 à 1808. Au début des années 1820, Masson est
donc lancé et va dès lors consacrer toutes ses énergies à la
croissance de ses entreprises, au mépris même d'invitations à la
prudence et à la modération de la part de son associé. En 1843, il
écrira à Hugh Robertson : « Vous auriez dû savoir que toute mon
ambition et mes sentiments [allaient] à l'intérêt et à l'honneur
de mes entreprises, car j'ai toujours voulu battre toutes les maisons
qui m'entouraient et les faire tomber, ce qui est en plein la façon
de faire dans le commerce, et ce que j'ai réussi à faire jusqu'ici.
» Ces propos non seulement révèlent ses motivations, d'une
exceptionnelle intensité, mais ils attirent aussi l'attention sur
l'effort extraordinaire déployé par cet homme tellement sûr d'être
le maître de son destin. « J'avais, dit-il, une grande confiance en
moi et je savais toujours ce que j'étais capable de faire [... ] mon
temps et mon esprit tout entiers étaient consacrés aux affaires
nuit et jour, et je faisais tout moi-même (car j'étais toujours à
mon poste) donc j'étais parfaitement maître de ce qui pouvait être
accompli et la preuve en est notre succès actuel. » La fortune
qu'édifie Masson au gré des ans repose d'abord sur sa compagnie
d'import-export qui grossit et se diversifie progressivement. En
1830, cette firme sera formée de trois maisons : une première à
Glasgow, la W. and H. Robertson and Company, dirigée par Hugh
Robertson ; une deuxième à Montréal, la Robertson, Masson,
LaRocque and Company, conduite par Masson, François-Antoine La
Rocque et Struthers Strang ; et une troisième à Québec, la Masson,
LaRocque, Strang and Company, gérée par John Strang. Naturellement,
à cette date et pendant longtemps encore. Hugh Robertson et Masson
détiendront plus de 80 % du capital de ces firmes. En 1833. cet
investissement total atteint f 80 200 et la valeur des marchandises
importées s'élève à environ £100 000. En 1827, les seules ventes
de potasse en Grande-Bretagne se chiffrent à £31 678. Masson est
sans aucun doute l'homme d'affaires canadien qui a poussé le plus
loin la prise de contact avec le marché britannique, mais il n'est
pas le seul à son époque à le faire LaRocque et Charles Ungevtn,
pour ne mentionner que deux de ses collègues, font aussi partie de
ce groupe peu nombreux mais visible. L'engagement de Masson dans
l'import-export devait le conduire tôt ou tard à s'intéresser a la
navigation, ce qui ne sera pas le cas de la plupart des hommes
d'affaires canadiens de l'époque. En 1825, après avoir sérieusement
songé à faire construire un bateau pour transporter les produits de
la Robertson Masson and Company, il décide d'en acheter un tout neuf
de 290 tonneaux, qu'il baptise Sophie, d'après l'un des prénoms de
sa femme. Il a d'abord envisagé une participation de 50% dans cette
entreprise, puis s'est résolu à accepter un plus grand nombre de
sociétaires, de sorte que sa part finale ne sera que de 12,5 %. En
1830. il acquiert au nom de la Robertson, Masson. LaRocque and
Company l'Artemis puis, en 1832, il ajoute à ces voiliers le
Robertson. Ce n'est qu'en 1836 qu'il achète une part dans le vapeur
Edmund Henry. Ces initiatives illustrent bien le processus de
diversification des entreprises de Masson. Il n'est pas étonnant que
Masson se soit intéressé à l'amélioration des moyens de
communication à l'intérieur du Bas-Canada. Dès 1821, il fait
partie d'un groupe d'hommes d'affaires qui demande à la chambre
d'Assemblée d'autoriser la formation d'une compagnie dont l'objectif
serait la construction d'un canal reliant le lac des Deux Montagnes à
Lachine et de là au courant Sainte-Marie, à Montréal. En 1831,
avec Horatio Gates, Daniel Arnoldi et plusieurs autres entrepreneurs,
il revient à la charge, toujours avec l'idée de constituer une
compagnie de canalisation. Les projets de construction de chemins de
fer suscitent aussi son intérêt, jusqu'à un certain point. La même
année, il signe une requête dans le but de construire un chemin à
lisses qui relierait Laprairie au lac Champlain. Il figure parmi les
premiers signataires de cette pétition avec John Molson et Peter
McGill. En 1832, il participe à la formation de la Compagnie des
propriétaires du chemin à lisses de Champlain et du Saint-Laurent ;
il se verra offrir en 1846 une part dans la même entreprise. Masson
paraît donc attentif à toutes les perspectives de profits qu'offre
le Bas-Canada de l'époque. Ainsi, en 1836, l'homme d'affaires
britannique Robert Armstrong obtient de la chambre d'Assemblée une
charte qui lui permet de créer une compagnie qui devait fournir
pendant une période de 21 ans l'éclairage au gaz dans la ville de
Montréal. Cette firme, la Compagnie de l'éclairage par le gaz de
Montréal, construit une usine dont Albert Furniss est nommé gérant.
John Strang et Hugh Robertson, qui ont acheté une centaine d'actions
de cette entreprise, incitent Masson à imiter leur geste. En 1840.
Furniss, qui détient la moitié des actions, Robertson. Strang et
Masson sont les seuls actionnaires ; cependant, l'année suivante,
Masson ajoute 25 actions à son lot En 1842. il possède à lui seul
plus du tiers des actions de cette compagnie que la ville de Montréal
voudra acheter en 1845 pour une somme de £25 000 Mais là ne
s'arrête pas l'intérêt qu'il porte à ce genre d'entreprise. En
1842. à Québec, il fonde avec John Strang une compagnie similaire,
la Compagnie de l'eau et de l'éclairage au gaz de Québec, dont le
capital prévu est de £15 000 En 1841. il s'est déjà engage avec
Furniss dans la mise sur pied de la City of Toronto Gas Lighl and
Water Company En 1842. sa participation dans cette dernière atteint
£24 250 sur £40 000 Trois ans plus tard, il s'en départit en
faveur de Fumiss. Un négociant de l'envergure de Masson. Dont
l'objectif était de dominer tous ses concurrents, devait fatalement
pénétrer dans le monde des banques qui par sa mainmise sur le
crédit, exerçait déjà un pouvoir et une influence considérables
dans la province. Dès 1824, il achète quelques actions de la Banque
de Montréal et, jusqu'en 1830, il en ajoute pour porter son total à
21 actions. Naturellement, Hugh Robertson l'encourage, mais comme à
l'accoutumée il l'incite à la prudence. En 1826, Masson est même
élu membre du conseil d'administration de la Banque de Montréal.
L'année suivante, à l'occasion de sa réélection à l'unanimité
au même conseil, il écrit à Robertson, sans doute pour diminuer
ses préventions contre les entreprises risquées : « Je vous envoie
cette liste des actionnaires qualifiés pour être élus] pour
montrer à quelques-uns de vos amis comment nous nous comportons ici
; en fait, nous sommes maintenant considérés comme la première
maison de la ville. » En 1830, il ajoute à son bloc 31 actions,
payées £91 5s chacune. Il fait alors remarquer à son associé
qu'il ne s'est pas engagé dans cette voie avec des vues de profit,
c'est-à-dire de spéculation, mais « simplement pour épater » ; «
ce geste eut, écrit-il, exactement l'effet que j'attendais, soit de
faire monter sans limite notre crédit à la Banque aussi bien
qu'ailleurs [...] si notre nom est dessus, il [le billet] passe
toujours ». Masson exerce donc de fortes pressions pour que son
associé écossais utilise d'une façon systématique le crédit
bancaire afin de porter, à des coûts avantageux, leurs achats
annuels de £40 000 à £80 000. Pour lui, de toute évidence, la
banque n'est pas d'abord un lieu de sécurité pour les épargnes des
particuliers ou des entreprises, mais plutôt un organisme de crédit.
En 1834, il est porté à la vice-présidence du conseil
d'administration de la Banque de Montréal. Il aurait également fait
affaire avec la Banque de la cité (à Montréal), la Gore Bank et la
Commercial Bank of the Midland District. Entré sans capital dans le
monde des affaires, Masson est parvenu à s'affirmer progressivement
dans le cadre d'une entreprise dont l'activité se situe dans le
Bas-Canada et en Ecosse, mais ce n'est qu'après la retraite de Hugh
Robertson, d'abord son protecteur. puis son associé pendant plus de
30 ans, qu'il se libère de ce dernier. Cette fidélité indéfectible
de Masson, jointe au sentiment, bien fondé semble-t-il. d être le
plus créateur, le plus productif et d'être exploité jusqu'à un
certain point, constitue certainement un trait de sa personnalité
qui se concilie parfaitement avec son besoin de domination. L'année
1847 est celle où il occupe finalement dans ses entreprises la place
éminente que lui ont value depuis très longtemps son talent et son
acharnement au travail. A cette date, la maison de Montréal est
placée à l'enseigne de Joseph Masson, Sons and Company, tandis que
celles de Québec et de Glasgow portent respectivement les noms de
Masson, Langevin, Sons and Compagny et Masson, Sons and Company.
Alors seulement Mas- son peut déterminer le volume des achats de
marchandises faits par ses maisons canadiennes en Grande-Bretagne et
utiliser à sa guise les facilités de crédit mises à sa
disposition par les banques de l'endroit. Sa réussite n'aurait pas
été aussi complète si Masson n'avait annexé des terres à sa
fortune. Bien sûr, Il a acquis de nombreux terrains dans la ville de
Montréal, mais ces propriétés foncières ne peuvent constituer le
vrai complément d'une position sociale éminente entre toutes. Dès
le moment où se dessine sa réussite, Masson commence à lorgner du
côté des seigneuries mises en vente. En 1832, il offre £25 150
pour la seigneurie de Terrebonne, mise aux enchères. II s'agit de
l'ancienne seigneurie de Simon McTa-vish, vendue en 1814 à Roderick
Mackenzie pour une somme de £28 000, seulement £3 000 de plus que
le prix payé par McTavish. En 1824, la veuve de McTavish,
Marie-Marguerite Chaboillez, et son second mari, William Smith
Plenderleath, avaient recouvré ce fief par décision de la cour. Que
cette acquisition flatte chez Masson un certain penchant
aristocratique, cela ne fait pas de doute, mais ce sentiment ne
l'empêche pas de tirer le maximum d'un investissement qui lui
rapporte certaines années plus de £3 000. Vers 1842, la fortune de
Masson se chiffre peut-être à environ £200 000. Qu'il soit promu
capitaine de milice en 1823, nommé membre du Committee of Trade de
Montréal en 1824, élu premier marguillier de la paroisse Notre-Dame
de Montréal en 1828, élevé au rang de conseiller législatif en
1834, nommé juge de la Cour des sessions spéciales de la paix de
Montréal en 1836, élu échevin de la ville de Montréal en 1843,
quoi de plus normal pour un entrepreneur éminent, grand propriétaire
foncier ! C'est un profil de carrière habituel dans le Bas-Canada
comme ailleurs dans le milieu social où Masson évolue. Parmi les
hommes d'affaires canadiens des années 1830-1840, il est le plus
important, celui qui a le mieux réussi à s'imposer parmi les
fournisseurs de la Grande-Bretagne, et l'un des seuls à avoir fait
affaire jusqu'à Toronto. Les blocages extérieurs qui servent
d'habitude à rendre compte de la faiblesse des Canadiens dans le
domaine de l'économie (favoritisme, difficulté d'obtenir du crédit,
peine à établir des contacts en Grande-Bretagne et des relations
d'affaires dans le Haut-Canada) n'ont peut-être pas joué autant
qu'on veut bien le dire, pas plus que n'a compté une incapacité
ethnique. Les obstacles essentiels se situent au niveau des
structures sociales qui sont à l'origine de certains choix. Il est
certain que Masson n'a jamais tenté de jouer le rôle de chef de
file d'une bourgeoisie capitaliste canadienne dont l'activité
économique s'exerçait à l'échelle d'un marché francophone. Ses
collaborateurs et ses concurrents, il les trouve dans les deux
groupes ethniques. Ses rapports avec Charles Lange-vin, Charles
Humberston. agent commercial à Liver-pool, les frères Strang. John,
Struthers et Andrew, et les commis qu'il engage et. surtout, ses
relations avec Hugh et William Robertson en sont la preuve.
Egalement, son association avec François-Antoine LaRocque : celui-ci
a aussi pratiqué le commerce en gros. mais, comme les frères
Langevin. Charles et Jean, il a éprouvé de sérieuses difficultés
financières. En 1828, au moment où Masson veut ouvrir sa maison de
Québec, il songe déjà à associer La Rocque à ses affaires. C'est
en 1830 que ce dernier devient officiellement son associé, avec en
théorie un capital de £4 000 et quatre actions. Non seulement La
Rocque ne couvre pas le montant de son investissement, mais bientôt
il pactise avec un groupe d'hommes d'affaires canadiens, dont
Pierre-Louis Le Tourneux (Letour-neux), Léonard Bouthillier et
Jean-Dominique Bernard, qui se propose de créer une compagnie au
capital de £100 000 et entièrement vouée à la réussite
canadienne contre les étrangers qui s'enrichissent aux dépens des
francophones. Masson est sollicité, mais il est évident qu'il n'a
pas l'intention de joindre ce groupe dirigé en fait contre lui. La
firme LaRocque, Bernard & Cie. appelée aussi The Great Concern,
fondée en 1832, ne survit cependant pas à la crise économique de
1837. En mai 1838. elle fait faillite. Masson n'est pourtant pas
insensible aux solidarités ethniques : ses affinités avec son
milieu culturel d'origine sont réelles, mais elles restent
subordonnées aux solidarités économiques. C'est pourquoi il ne
sera jamais un patriote : politiquement, son appui va aux défenseurs
des intérêts du groupe des marchands britanniques, ce qui n'exclut
pas de sa part une certaine prudence à l'occasion. Joseph Masson a
sans doute été l'un des hommes d'affaires canadiens les plus
importants du Bas-Canada au XIXe siècle De son mariage avec
Mane-Geneviève-Sophie Raymond. 12 enfants sont nés. soit 5 filles
et 7 garçons Parmi eux. quatre meurent avant d'avoir atteint l'âge
de trois ans. Les survivants contracteront des alliances avec des
membres de familles bourgeoises et seigneuriales les McKenzie. les
Globensky. les Bossange. les Dumas, les Burroughs, les Wilson et les
Desjardins
source:
dico bio canada notice par Fernand Ouellet
I.
Jean GAUMONT cocher x pc 23.11.1630 Paris
XXXV-123
Anne REMOND sœur de André REMOND cocher d’où
1.
Madeleine GAUMONT fille du roi, émigre au Québec
Furent
présens en leurs personnes Jehan Gomont, cocher demeurant au
marchestz du Temple, rue de Berry, parroisse Sainct Nicolas des
Champs, pour luy et en son nom d'une part; et Anne Rémond, fille
aagée de vingt-cinq ans (ou) plus de vintz, qu'elle a dict
demeurante rue Darnetail, pour elle et en son nom d'autre part.
Lesquelles parties en la présence et assistées, sçavoir led.
Gomont, de Pierre Parent, serrurier
demeurant à Chambly, estant de présent à Paris, cousin, mary de
Avoye Bellebouche sa femme ; et de la part de lad. Rémond, de André
Rémond, cocher, son frère, et de Edmé Drou [signé Droue],
tailleur de la grande escurie du roy, à ce comparans volontairement,
(…) [transcription Alain
Barbin]
-
Avoye BELLEBOUCHE °v1606
+28.1.1685 Chambly (60)
à 79 ou 80 ans (AD
Oise, BMS Chambly Notre-Dame, 1618-1709,
vue
357/633) x Pierre PARENT
+15.1.1671 Chambly (60)
serrurier demeurant à
Chambly (source arbre
allix)