Familles BORLUUT (Gand, Belgique) - SECLYN (de)
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Sommaire:
BORLUUT (Nicaise ou Casin). Cette
ancienne famille de la Flandre, dont l'origine remonte, par une
filiation non interrompue, au XIe siècle,
a fourni, à toutes les époques, des hommes qui se sont
signalés à la guerre,dans le sacerdoce,dans la
politique et dans les lettres. Nicaise Borluut appartient à la
première catégorie. On ne saurait affirmer qu'il naquit
à Gand, mais on sait qu'en 1150 il fut doyen des célèbres
arbalétriers de Saint-Georges en cette ville. Toutefois, il
mourut à Alost et fut inhumé au couvent des
Guillelmites dont il avait été le bienfaiteur. I1
s'illustra sous le règne de Thierri d'Alsace, alors que
Guillaume Cliton, duc de Normandie, disputait à ce prince la
succession du comte Charles le Bon, assassiné à Bruges
le 2 mars 1127. Guillaume, maître du pays, tenait Thierri
assiégé dans Alost lorsque Borluut, le plus adroit
archer de son temps, lança, le 22 juillet 1128, du haut des
murs de la place, un trait d'arbalète qui alla se loger dans
l'épaule du prince normand. La plaie s'envenima et cinq jours
après Guillaume rendit le dernier soupir. La Kronyk van
Vlaenderen ajoute que le duc Guillaume alla se placer devant la porte
de la [A RELIRE] pour sommer les habitants de se rendre et que c'est
alors que Borluut le blessa mortellement à l'épaule
(1). Cet épisode est rapporté diversement. Le
professeur Warnkœnig dit que le 27 juillet, Guillaume, renversé
de cheval d'un coup de pierre ou de flèche lancée par
un arbalétrier de la ville, perdit la vie au moment d'une
attaque devant les retranchements d'Alost (2). Le baron Kervyn de
Lettenhove, dans son Histoire de Flandre, raconte que dans un combat
sur les bords de la Dendre, Guillaume de Normandie, voulant rallier
les siens, se précipita témérairement au milieu
des ennemis, malgré les conseils d'Élie de
Saint-Sidoine. « I1 saisit la lance d'un bourgeois nommé
Nicaise Borluut, écrit-il, mais celui-ci, en se défendant,
la lui enfonça dans le bras depuis la main jusqu'au coude.
Bientôt cette plaie s'envenime et s'ulcère, et, après
cinq jours de douleurs, durant lesquels il se revêt de l'habit
de moine, il expire le 27 juillet 1128. » La mort de Guillaume
soumit la Flandre à Thierri d'Alsace et donna le signal d'une
nouvelle ère politique pendant laquelle les communes se
développèrent et atteignirent leur plus haut degré
de prospérité et de grandeur. Kervyn de
Volkaersbeke.
(1) Kromjk van Ylaenderen, publiée
par M. Philippe Blommnaet-t, dans la collection des bibliophiles
flamands, t. I, p. (ii).
(2) Traduction de M. A.-E.Gheldolf, t.
I, p. 189.
La Kronyk van Vlaenderen
(source Dico Bio Belge)
BORLUUT (Jean), célèbre
capitaine gantois, se signala en 1288 à la bataille de
Woeringen et plus tard à celle de Courtrai, en même
temps que les valeureux chefs brugeois Breydel et De Co-ninck. Ce fut
dans cette mémorable journée du Il juillet 1302, connue
sous le nom de bataille des éperons d'or, où Philippe
le Bel perdit la fleur de la chevalerie française, que Borluut
acquit de glorieux titres à la reconnaissance de sa patrie. En
effet, indépendamment d'une armée nombreuse, aguerrie
et pleine d'ardeur, le roi de France disposait encore d'un parti
puissant dans la Flandre et notamment à Garni, où les
Leliaerts, partisans des fleurs de lis, dominaient et poursuivaient
de leur haine les Klauwaerts, défenseurs dévoués
du comte Guy de Dampierre, le souverain légitime du pays. Chef
de ces derniers , Borluut, en apprenant le danger qui menace
l'indépendance nationale, rassemble en toute hâte ceux
sur la bravoure desquels il peut compter, quitte furtivement la ville
et arrive inopinément dans les plaines de Groeninghe, au
moment où l'armée flamande pliait sous l'impétuosité
de l'attaque ennemie. Un chroniqueur contemporain, Louis deYelthem,
s'exprime ainsi :
So quaem H al le Imlpe den Grave.
Ele metenen gepinden slave ;
Sonder alomme die van Gent,
Ende die vier Ambachl, ende Waes
omirent,
Dese en waren ten wige niel.
Maer Jan Borluut, wal's gesciet,
Hadde enapen gecorcn wt Gent,
Die daer warcn met genent,
Ende hi was oec wt Gent geboren.
Un manuscrit du xvie siècle
rapporte que Jean Borluut « s'eschappa de nuict secrètement
de la ville, à l'insieu de ceulx qui tenoient le parti
contraire, avecq quelques six à sept cents fidèles
serviteurs de leur prinche naturel, entre aultres beaucoup de son nom
et ses alliez et amys. »
Grâce à l'énergie
et au courage de Breydel, de De Coninck et de Borluut, la victoire,
chèrement achetée, resta aux Flamands. En récompense
d'un service aussi signalé rendu à la patrie, le comte
Guy de Dampierre créa Borluut chevalier, et afin de perpétuer
dans sa famille le souvenir de sa conduite glorieuse sur le champ de
bataille, lui concéda le droit de prendre pour cri d'armes :
Groeninghe-Velt ! Groeninghe-Velt! La gloire qu'il s'était
acquise n'apaisa pas, on le conçoit, la colère des
Leliaerts. A peine Borluut fut-il de retour dans sa ville natale, que
toutes les haines de ses ennemis, accrues par la défaite de
Courtrai, se déchaînèrent contre lui. On voulut
le frapper d'ostracisme et ce ne fut que quatre ans après la
défaite de Philippe le Bel, que Robert, comte de Flandre,
réussit à réconcilier les deux partis par une
charte donnée à Deynze le vendredi après
l'octave de la Sainte-Trinité, en l'an 1306. Cette pièce
repose aux archives provinciales de Gand. Elle atteste que Jean
Borluut, chef des Klauwaerts, avait cessé de vivre, mais que
son héritier, probablement Gilles Borluut, son frère,
qui l'avait suivi dans toutes ses expéditions militaires, le
remplaça pour accomplir les stipulations du traité de
paix. Deux églises de Gand, l'église collégiale
de Saint-Nicolas et l'église conventuelle des RR. PP.
Augustins, dont le monastère fut fondé, au XIIIe
siècle, par un membre de cette famille, se disputent
l'honneur de posséder la dépouille mortelle du héros
de Groeninghe. On peut dire que les prétentions de la première
semblent se justifier, attendu que les parents de Jean Borluut,
Baudouin Borluut et Catherine Uytberghe, y furent inhumés. On
grava sur sa tombe :
Joannes jacet hic miles fortissimus,
olim De Borluut dictus, nullo certamine victus. Le chevalier Diericx
dit que « l'épitaphe flamande de cet illustre guerrier
est exprimée en ces termes : »
Staet. Hier light Juan Borluct die uup
t' Groemnghe-veld De Waei.es slough. Seght
: Godseg'ne den held. Jean Borluut avait épousé
Heldewine de Vos, dont il n'eut pas d'enfants, et Diericx se trompe
lorsqu'il affirme que Gerlin Borluut, abbé de Saint-Bavon,
était le fils du vainqueur de Groeninghe.
Kervyi. de Volkaersbeke.
Lodewyk van Vellhem. Spicgel
historiaal, p. 24-0. — Baron de Saint-Génois, Inventaire
des chartes des comtes de Flandre, p. 522. — Diericx, Mémoires
sur la ville de Gand, t. H, p. 500. — K. de V.,
Histoire gén. et héral. de qq. fam. de Flandre.
(source Dico Bio Belge)
BORLUUT (Baudouin II), quarantième
abbé de Saint-Bavon, était fils de Baudouin advocatus
ecclesiœ, avoué de la même abbaye , charge
importante que l'on ne confiait qu'aux hommes les plus considérables
du pays. En 1223, Baudouin Borluut fut élevé à
la dignité abbatiale. Sous son administration, le monastère
de Saint-Bavon acquit de grandes richesses ; de nombreuses
construclions, dont les vestiges subsistent encore, s'élevèrent
et plusieurs privilèges lui furent accordés par le pape
Innocent IV. Baudouin II introduisit
l'usage de se servir dans les chartes données au nom de
l'abbé, de la formule : permissione divina abbas S. Bavonis.
Après une glorieuse et utile gestion de vingt-sept années,
dit l'auteur de l'Histoire de l'abbaye de Saint-Bavon, Baudouin
mourut le 13 juillet 1251 et fut inhumé dans l'église,
de l'abbaye,derrière le maître-autel, supra
presbgterium.
BORLUUT (Baudouin III),
cinquante-deuxième abbé de Saint-Bavon,était
fils de Gerlin et de Marguerite Schrycken. Il fut sacré
solennellement le deuxième dimanche après Pâques
en 1350, après avoir rempli pendant plusieurs années la
charge de prieur du monastère. Sanderus ne mentionne pas cet
abbé, mais il figure dans un manuscrit généalogique
de la fin du xvie siècle, qui dit que le testament de Jean
Borluut, frère de cet abbé, portait que celui-ci mourut
en 1374. Cette date ne concorde pas avec celle que l'auteur de
l'Histoire de l'abbaye de Saint-Bavon assigne à la. mort de
cet abbé, puisque l'abbé Jean III, qui succéda à
Baudouin III, fut sacré vers la fin de l'année 1352.
BORLUUT (Gerelm ou Gerlin),
quarante-septième abbé de Saint-Bavon,était fils
de Jean et de Heilzoeta et petit-neveu de l'abbé Baudouin; il
fut sacré en 1320 et mourut le 16 juin 1338, après
avoir gouverné l'abbaye pendant dix-huit ans. Il fonda
plusieurs chapellenies, agrandit considérablement les domaines
du monastère, vit accroître les prérogatives dont
il jouissait et défendit énergiquement ses droits
contre le roi de France et le comte de Flandre. Les archives de la
province possèdent une charte de cet abbé où le
' sceau de Baudouin Borluut était appendu et dont le chevalier
Diericx a donné la gravure. Depuis lors ce sceau a disparu, et
il est permis de croire que l'auteur des Mémoires sur la ville
de Gand a été le dernier savant qui ait vu cette charte
non mutilée. Kervyn de Volkaersbeke.
Sanderus, Flandria illustrata , t. I,
III), iv, f° 301. — De Smet, Recueil de chroniques de
Flandre, t. I, pp. 449, 4-aO et 451. — Baron de Saint—
Génois, Histoire des aroueries. — A. van Lokeren,
Histoire de I"abbaye de Saint-Bavon, p, 96 et suiv., i 18 et
suiv. et i<î> et suiv. — Kervyn de Volkaersbi'kc,
Histoire généalogique et héraldique de quelques
familles de Flandre, — Diericx, Mémoires sur la ville de
Gand, t. II, p. 302.
(source Dico Bio Belge)
BORLUUT (Baudouin) , seigneur de
Schoonberghe. homme de guerre, naquit à Gand, il était
le quatrième fils de Gerlin et de Marguerite d'Ailly de
Formelles. I1 débuta dans la carrière des armes au
tournoi à outrance qui eut lieu à Gand en 1508, à
l'occasion de la joyeuse entrée de l'empereur Maximilien 1er.
qui venait prêter solennellement le serment de maintenir les
privilèges et les franchises de la Flandre en qualité
de tuteur du jeune archiduc Charles, que Gand avait vu naître
huit ans auparavant. On célébra ce grand acte politique
par des fêtes somptueuses et surtout par un tournoi à
outrance, le dernier peut-être qui fut frappé,
nonobstant l'anathème tant de fois fulminé par les
papes contre ces jeux barbares, qui ne rappelaient que trop les
sanglantes réjouissances des cirques de la Rome païenne.
Au tournoi de Gand vingt-deux chevaliers allemands luttèrent à
outrance contre un nombre égal de chevaliers flamands. Le sang
rougit le sable de la lice et plusieurs jouteurs y perdirent la vie.
La victoire, d'abord incertaine, resta enfin aux Flamands, grâce
aux prodiges de valeur, de force et d'adresse de Baudouin Borluut,
seigneur de Schoonberghe. Proclamé vainqueur, il tint la lice
ouverte pendant trois jours contre tout venant, comme c'était
l'usage (1). Ses exploits excitèrent l'admiration de
l'empereur et des seigneurs de la cour, mais ils impressionnèrent
particulièrement le jeune archiduc qui récompensa
l'heureux champion en l'attachant à sa personne en qualité
d'écuyer. Lorsque l'archiduc Charles ceignit la couronne
impériale, Baudouin Borluut le suivit dans toutes ses
expéditions. En 1524, il était
capitaine-lieutenant-général, commandant les troupes
allemandes, lorsque blessé mortellement au siège de
Fontarabie, il fut transporté à Saint-Sébastien,
où il mourut peu de jours après. Son corps fut inhume
dans l'une des principales églises de la ville. Le seigneur de
Schoonberghe eut quatre fils: François, Philippe, Jean et
Josse. Philippe fut tué en Hongrie étant au service de
l'empereur Ferdinand Ier. Jean était capitaine de vaisseau
dans la marine du roi d'Espagne et succomba devant Flessingue en
1560. Le dernier fils, nommé Josse, qui acheta la seigneurie
de Schoonberghe, de son frère aîné, était
premier conseiller et pensionnaire de Gand. C'était un
magistrat instruit, conciliant et intègre. Les états de
Flandre appréciant les éminentes qualités qui le
distinguaient, lui confièrent les missions les plus délicates
et parfois dangereuses. C'est ainsi qu'ils l'envoyèrent, en
1559, auprès du roi Philippe II, dans le double but de traiter
de la pension annuelle que les états de Flandre auraient à
payer à la duchesse Marguerite de Parme, nommée
récemment gouvernante générale des Pays-Bas, et
d'exposer au monarque combien lesFlamands voyaient avec douleur que
les principales places fortes du pays étaient confiées
à la garde de troupes étrangères. Le roi
n'écouta pas les plaintes du pensionnaire gantois et
l'histoire a conservé le souvenir des désastres qui
furent la conséquence de ce déni de justice. Josse
Borluut, seigneur de Schoonberghe, mourut à Gand en 1578 et
laissa de son mariage avec Adrienne van Nieulande, trois fils, dont
le cadet Philippe Borluut, fut conseiller, garde-joyaulx et roi
d'armes de l'archiduc Albert.
Kervyn de Volkaersbeke.
Hist gén et hérald de qq
fam de Flandre
(1) Dans un article intitulé :
Joyeuse entrée de l'empereur Maximitien Ier
à Gand, en 1508 (Descriplion d'un livre perdu), publié
dans le Messager des sciences historiques,année 1830, on
trouve des détails sur les fêles qui furcnl célébrées,
à cette époque, dans la capilale de la Flandre et
spécialement sur le fameux tournoi où le seigneur de
Schoonberghe fit ses premières armes.
(source Dico Bio Belge)
BORLUUT (Simon), avocat au conseil de
Flandre, l'un des chefs de l'insurrection qui éclata à
Gand en 1539, était fils de Simon et de Catherine de Jaeghere.
Il fut l'auteur de la déclaration en trente-six articles, qui
devait servir de constitution politique aux révoltés
désignés sous le nom de creesers. Le défaut
d'espace ne me permet pas de faire ici le récit de cette
audacieuse entreprise contre la puissance de Charles-Quint; tous les
historiens l'ont racontée et notamment Jean d'Hollander,
Steur, mais surtout M. Gachard, qui a publié tous les
documents authentiques pouvant jeter la lumière sur ce grand
événement. Qu'il me suffise de dire que Simon Borluut,
l'un des principaux auteurs de ce drame, fut condamné à
la peine capitale. La sentence porte : « Veu le procès
criminellement instruit, par ordonnance de l'Empereur, par devant les
commis de Sa Majesté avec ceulx de la loy de ceste ville de
Gand, allen-contre de Me Simon Borlut, advocat au Conseil en
Flandres, à présent prisonnier, chargié d'avoir
dicté, escript et publié en la bourgeoisie de ceste
ville, ung billet contenant divers articles fort mauvaix et
séditieulx, grandement contre haulteurs et auctorités
de Sa Majesté, et en baillié enfin à ung nommé
Van Coppenhoele, homme séditieulx, qui l'a aussi publié,
de sorte que partie desdits articles ont esté acceptez et
ensuyz par commune collace dont est apparu tant par confession dudict
prisonnier, que autrement, pour suffire avec les circonstances et
deppendances ; l'Empereur déclaire ledict Borlut estre encouru
et encheu es crismes de sédition et de lèse-majesté,
le condempne partant à estre mis au dernier supplice, et
exécuté par l'es-pée ; et si déclaire
tous et quelzconques ses biens confisquez au prouffit de Sa dite
Majesté. Prononchié audit Gand, le XVIIe jour de mars,
l'an xvcxxxix (1540 n. st.). » Cette sévère
sentence fut exécutée dans toute sa rigueur, sur la
place de Sainte-Pharaïlde, devant le château des Comtes,
le Graeven Steen. Neuf têtes, y compris celle de Simon Borluut,
roulèrent sur l'échafaud et furent exposées au
bout de piques sur la porte de la Mude. Liévin Borluut, oncle
de Simon, également compromis dans la révolte et qui
propagea la fable de l'achat de Mandre, eut ses biens confisqués
et mourut en exil. Kervyn de Volkaersbtke.
Gachard, Relation des troubles de Gand
sous Charles-Quint, p. 560.— D'Hollander, Mémoires. —
Sieur, Insurrection des Gantois sous Charles-Quint. — Messager
des sciences el des arts, 1848. — K. do V.,
Histoire geneal. et herald. de qq. fam. de Fland. — K.
de Y., Les Borluut du xvie siècle.
(source Dico Bio Belge)
BORLUUT (Josse), seigneur de
Boucle-Saint-Denis, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, plus
connu sous le nom de « seigneur de Boucle », était
fils de Liévin et de Marie Damman, Il occupe une place
distinguée parmi les hommes qui prirent part au mouvement
politique des Pays-Bas vers la fin du XVIe siècle. Sincèrement
dévoué à son pays, il fit de généreux
efforts pour sauver les libertés communales menacées
tou r à tour par le despotisme espagnol et par les sectes
révolutionnaires. Il était pensionnaire de Gand et, en
cette qualité, les états de Flandre et le magistrat de
la ville le chargèrent de plusieurs missions importantes,
tantôt en France auprès du duc d'Anjou, qui convoitait
la souveraineté des Pays-Bas, tantôt à Bruxelles
auprès des états généraux, qui faisaient
de vains efforts pour éteindre la guerre civile. Dans toutes
ces circonstances, Borluut se conduisit avec autant de prudence que
de fermeté. Lorsqu'en 1577, pendant la nuit du 28 au 29
octobre, Hembyse et Ryhove s'emparèrent du pouvoir et se
saisirent du duc d'Arschot, gouverneur de la Flandre, le seigneur de
Boucle usa de l'autorité dont il disposait pour empêcher
l'exécution des mesures tyranniques qu'Hembyse ne cessait de
prendre à l'égard des citoyens qui n'applaudissaient
pas à ses audacieux projets. Cependant l'énergie de
Borluut ne réussit point à vaincre l'obstination des
fauteurs de troubles, iconoclastes fanatiques, souillés de
sang et avides des trésors des églises. Gand était
devenu le foyer de l'insurrection soufflant la guerre civile dans
toutes les provinces. C'est alors que le prince d'Orange résolut
de mettre un terme aux excès du tribun. Le 13 août 1580,
il se rendit à Gand et procéda au renouvellement de la
magistrature. Hembyse fut déclaré déchu des
dignités qu'il s'était illégalement arrogées
et condamné à l'exil. Le seigneur de Boucle fut
proclamé, à sa place, premier échevin de la
Keure, haute position qui l'investissait d'une puissance très
étendue, non-seulement sur le territoire de Gand, mais encore
sur la province tout entière. Sous cette nouvelle
magistrature, la Flandre respira et l'on vit partout l'ordre et la
justice reprendre leur empire. Devenu Premier de Gand, Borluut ne
négligea rien pour cicatriser les maux causés par la
domination des sectaires. Son activité ne connaissait pas de
bornes, et il suffira, pour s'en convaincre, de parcourir la
correspondance qu'il entretenait avec les états généraux
et les hommes les plus considérables de son temps, tels que le
prince d'Orange, l'archiduc Mathias, le duc d'Anjou, Charlotte de
Bourbon, le comte d'Egmont, le prince de l'Espinoy le seigneur de
Champagny, Marnix et d'autres encore qui prirent une part active aux
affaires politiques de cette mémorable époque.
Cependant Hembyse, qui s'était retiré à
Frankenthal, avait conservé des partisans dans la capitale de
Flandre avec lesquels il entretenait des relations suivies. Par des
intrigues habilement menées, il réussit à
provoquer de nouveaux désordres. La peur, toujours mauvaise
conseillère, paralysa tous les actes et l'autorité
communale, livrée à elle-même, se trouva bientôt
sans force devant l'émeute qui grondait dans les rues et
répandait partout la terreur. Hembyse revint dans sa patrie,
le 24 octobre 1583 ; il fit son entrée à Gand au milieu
des acclamations d'une populace en délire. Aussitôt des
listes de proscription furent dressées et pendant la nuit du
29 au 30 octobre tous ceux contre lesquels le tribun nourrissait des
projets de vengeance, furent arrêtés et jetés en
prison. Un acte d'accusation en soixante-quatre articles, aussi
odieux qu'absurdes, fut formulé contre le seigneur de Boucle.
Quand le prince de Parme apprit l'arrestation de ce magistrat et de
tant de personnages recommandables qui désiraient réconcilier
le roi avec ses sujets, il usa de l'ascendant qu'il avait acquis sur
l'esprit d'Hembyse, pour les arracher à leur malheureux sort.
Hembyse , lié par les engagements secrets contractés
envers le prince espagnol, consentit, malgré lui, à
l'élargissement de ses prisonniers. Le seigneur de Boucle
quitta sa ville natale et n'y revint que lorsque la tête
d'Hembyse eut roulé sur l'échafaud. Il y vécut
entouré de l'estime et du respect de ses concitoyens. Le 21
juin 1597, Borluut rendit son âme à Dieu; sa dépouille
mortelle fut transportée à Boucle-Saint-Denis où
elle gît sous une tombe de marbre placée dans le chœur
de l'église paroissiale. Ce monument a été
détruit, il y a peu d'années, par ordre de la fabrique
de l'église. Josse Borluut, seigneur de Boucle-Saint-Denis,
avait épousé sa parente, Philippote Borluut, dont il
eut plusieurs enfants. Après avoir esquissé la
biographie de ce grand citoyen, il convient de tracer celle de son
frère Gilles, dont la vie politique se confond pour ainsi dire
avec celle de son frère aîné. Borluut (Gilles),
de même que son frère, le seigneur de Boucle, était
chevalier de Saint-Jean de Jérusalem et, comme lui, il se mêla
à tous les événements qui surgirent à
cette époque de troubles et de guerre civile. Un auteur
contemporain, grand adversaire politique des frères Borluut,
rapporte qu'étant à l'Université de Padoue ils
furent poursuivis par le Saint-Office du chef d'hérésie.
Revenus dans leur patrie ils se rangèrent sous le drapeau des
défenseurs de la liberté. Gilles Borluut devint
pensionnaire de Gand et usa du droit que cette charge lui conférait
pour faire connaître au roi combien la nation était
fatiguée du joug qui pesait sur elle. C'était en 1559,
peu de temps après qu'un autre membre de cette famille, le
seigneur de Schoonberghe, dont il a été question plus
haut, eut échoué dans sa mission auprès du roi
Philippe II, qui, avant de partir pour l'Espagne, avait voulu réunir
les états généraux à Gand, pour remettre
solennellement le pouvoir entre les mains de la duchesse Marguerite
de Parme. Après que le cardinal de Granvelle eut terminé
sa harangue, Gilles Borluut prit la parole. Il promit, au nom des
états dont il était l'organe, obéissance et
respect à l'autorité de la duchesse ; puis, passant à
l'énumération des griefs dont les Belges demandaient le
redressement, il pria le roi qu'à l'exemple de l'empereur
Charles-Quint, il daignât retirer les armées espagnoles
pour les remplacer par des troupes nationales, qui mieux que des
étrangers sauraient conserver au roi l'héritage que lui
avait laissé son illustre père, « Il en est de
même, dit-il, des hautes fonctions qui jusqu'à ce jour
ont été confiées à des mains étrangères,
tandis qu'elles devraient être occupées par des
seigneurs du pays. Les Pays-Bas, tels qu'ils sont gouvernés
aujourd'hui, ressemblent plutôt à une terre conquise
qu'à une nation libre possé-dant son autonomie d'après
laquelle elle a toujours eu le droit d'être gouvernée. »
Ces paroles semblaient prophétiser les malheurs qui allaient
fondre sur le souverain et ses sujets; elles émurent vivement
le roi, peu habitué à un tel langage. Il descendit de
son trône en disant : « Et moi aussi je suis étranger;
on veut donc me chasser également. » Toutefois, il
promit de retirer les troupes espagnoles ; mais cette promesse ne
s'accomplit point et l'avenir prouva combien les avertissements du
courageux pensionnaire de Gand étaient fondés. A dater
de cette époque le mécontentement alla croissant. Des
conspirations s'ourdirent contre l'État et le catholicisme.
Les émeutes ensanglantèrent toutes les provinces et
spécialement la Flandre où la réforme religieuse
comptait un grand nombre d'adeptes. Gilles Borluut et son frère
le seigneur de Boucle déploraient amèrement
l'obstination du gouvernement qui persistait dans le système
de terreur par lequel il croyait pouvoir triompher d'une opposition
chaque jour plus dangereuse. A Gand, la discorde régnait dans
les rangs des prétendus défenseurs de la cause
nationale. Les plus fougueux voulaient s'emparer du pouvoir pour
l'exploiter à leur profit ; Hembyse et Ryhove étaient
leurs chefs. Après le coup d'État qu'ils exécutèrent
pendant la nuit du28 au 29 octobrel577, Gilles Borluut, qui ne
partageait cependant pas les idées d'Hembyse, accepta un siège
dans le conseil des dix-huit notables, et il faut dire que dans cette
position il se montra plein d'énergie et de courage en
combattant les projets ambitieux d'Hembyse. La discorde ne tarda pas
à se glisser dans cette magistrature improvisée.
Désireux d'assouvir ses haines religieuses, aveuglé par
le succès, soutenu par les sectaires et une populace toujours
prête à lui obéir, Hembyse ne craignit pas de
rompre la paix de religion conclue à Anvers le 22 juillet 1578
entre les états généraux, l'archiduc Mathias et
le prince d'Orange. Il rencontra, comme il s'y attendait du reste, un
adversaire redoutable dans Gilles Borluut, qui osa lui reprocher son
manque de foi. « Depuis trop longtemps — s'écria-t-il
— vos desseins ont trouvé de l'appui parmi nous. Le
moment n'est pas éloigné où vos perfidies seront
dé-voilées et alors elles recevront le châtiment
qu'elles méritent. » Pour la seconde fois Gilles Borluut
prononça des paroles que l'histoire s'est chargée de
confirmer. Son énergie encouragea les hommes d'ordre, une
ligue se forma contre les factieux excités par les
prédications des ministre calvinistes. Ils appelèrent
le prince d'Orange. Hembyse n'osant braver l'autorité de celui
qui était l'âme et le principal appui de l'opposition
contre le gouvernement, se résigna à accepter les
conditions qui lui furent imposées, et la paix de religion fut
solennellement signée le 16 décembre 1578. Après
le départ du Taciturne, les persécutions
recommencèrent. Les iconoclastes se répandirent de
nouveau dans les églises. Le meurtre et le pillage jetèrent
l'épouvante dans la ville entière; mais de l'étendue
du péril naquit une réaction qui força les
citoyens menacés à se réunir pour opposer une
digue aux débordements de la démagogie. Une
conspiration se forma, dont Gilles Borluut et son frère le
seigneur de Boucle furent les chefs. La guerre civile prit de vastes
proportions.— Le 20 juillet 1579, Hembyse fit arrêter
Gilles Borluut, le déclara son prisonnier et le fit traîner
à l'hôtel de ville. Ce fut en vain que ce courageux
citoyen protesta contre la violence qui lui était faite. Il ne
recouvra sa liberté que sur les instances du prince d'Orange,
qui lui confia une mission auprès des états de Flandre,
transférés à Bruges depuis que Gand était
au pouvoir des factieux. Malheureusement, Borluut tomba entre les
mains des Wallons, qui le firent prisonnier et l'amenèrent
d'abord à Valenciennes, puis à Namur où il fut
remis aux parents de Frédéric Perrenot, seigneur de
Champagny, que les Gantois tenaient étroitement enfermé.
Ils le conduisirent au Quesnoy, puis à Saint-Loup, en
Bourgogne, où il demeura captif jusqu'en 1584, époque à
laquelle il obtint sa liberté par échange contre le
seigneur de Champagny, frère du cardinal de Granvelle.
L'importance du personnage contre lequel il fut échangé
atteste de quelle considération Borluut jouissait,
non-seulement parmi les siens, mais encore parmi ses adversaires.
Revenu à Gand, il continua à se consacrer au service de
sa patrie. Gilles Borluut avait épousé Isabeau
Dobbelaer, dite De Waele, et mourut à Gand le 26 juin 1618; sa
dépouille mortelle fut inhumée dans la crypte de la
cathédrale de Saint-Bavon.
Kervyn de Volkaersbeke.
Gachard, Correspondance de Guillaume le
Taciturne. — Groeii van Prinsterer, Archives de la maison
d'Orange-Nassau. — Kervyn de Vol-knersbeke et J. Diegmck,
Documents historiques et inédits concernant les troubles des
Pays-Bas. — Kervyn de Volkuersbeke. Verslag van '/ magis-iraet
van Genl, nopens de godsdiemtige beruerlen aldaer, 1566 tot 1567 —
M., Les Borluut du. xvi« siècle, annales de l'Académie
d'archéologie de Belgique, année 1851. — Id.,
Histoire gin. et lierai, de qq. fam. de Flandre. — M., Mémoires
sur les troubles de Gand, 1577 à 1579, par François de
Halewyn, seigneur de Zweveghem.
(source Dico Bio Belge)
BORLUUT (Guillaume), licencié en
droit, né vers 1535, était fils de Jean et de
Marguerite Cabilliau, dame de Volander. D'après Paquot,
Guillaume Borluut, après avoir terminé ses premières
études, fut curieux de voir la France, et se trouvait à
Lyon en 1557, où il mit au jour les ouvrages suivants : l°
Ghesneden figuren wyten Oude Testamente naer tlevene, met huerlier
bedieisele, deur Guill. Borluyt, burgher der stede van Ghendt.
Gheprint tot Lions by my, Jan van Tournes, 1557. — 2°
Ghesneden figueren wyten Nieuwen Testamente, naer tlevene, met
huerlier bedieisele, deur, etc. — 3o Excellente figueren
ghesneden loyten uppersten poete Ovidius vuyt vyftien boucken der
veranderinghen met huerlier bedieisele, deur, etc. Ces trois
ouvrages, devenus très-rares, sont recherchés par les
bibliophiles. Les gravures sur bois qui ornent toutes les pages, sont
artistement traitées par Bernard Salomon, surnommé «
le petit Bernard. » De riches bordures de styles différents
encadrent les sujets au-dessous desquels on lit une légende en
vers flamands. Guillaume Borluut a encore public un ouvrage en latin
sur l'Exode, orné de jolies gravures sur bois également
imprimé à Lyon, en 1558, inconnu à Paquot. Avant
son départ pour la France, il avait composé une cpître
en vers latins adressée au célèbre jurisconsulte
Pierre Peckius. Cette pièce est imprimée en tête
de l'édition de 1556 des Commentaria, etc., de ce savant.
Guillaume Borluut avait épousé Catherine Arnedo. A
cette famille appartient aussi un bibliophile notre contemporain,
Borluut de Noordonck (François-Xavier-Joseph-Ghislain), né
à Gand, le 12 ,octobre 1771, mort en cette ville, le 20 juin
1857. Il passa sa vie à former une magnifique collection de
livres qui fut vendue après son décès; sa
biographie et son portrait figurent en tête du catalogue de
cette riche bibliothèque.
Kervjn de Volkaersbekc.
Paquot. Mémoires pour servir à
l'histoire iillc-rairi' des dix-sept provinces, I. XIII,
p. ii2. — liibliulhcra flullliemiana, n° 205 cl
23872.— Papillon, Traite de la gravure sur bois, t. 1, p. 209.
— Keivyn (h; Volkarrsk-ke, Ilist. yen. et hvruld. de qq. fum.
de Flandre.
(source Dico Bio Belge)
SECLYN (Charles de) — dont le nom
s'écrit aussi quelquefois Desclyn — bibliothécaire,
né à Gand, le ler novembre 1637, mort dans cette ville,
le 2 mai 1714-. Il entra au noviciat des Jésuites, le 9
octobre 165 6, et résida longtemps à Gand, où il
fut bibliothécaire du couvent de la Compagnie de Jésus.
C'est en celte qualité qu'il dressa, en latin, une série
de catalogues et d'index. Cette tâche ingrate représente
un travail considérable, à en juger par les volumineux
in-folio qui sont parvenus jusqu'à nous, et qui sont
aujourd'hui conservés à la Bibliothèque royale,
à Bruxelles. De plus, il a écrit un recueil de
Conciones, dont le manuscrit nous est également conservé.
A. Vander Mensbrugghe.
Sommervogel, Bibliothèque de la
Compagnie de Jésus. — Bibliothèque royale de
Belgique, manuscrits.
(source Dico Bio Belge)
copyright Jacques Le Marois - Dernière modification: Dec 2005 - Vous êtes libre de piocher dans ces travaux. En échange je vous demande de citer vos sources et dans la mesure du possible de partager également vos travaux.
La page d'origine est https://www.lemarois.com/jlm/data/c29borluut.html
Il peut y avoir des compléments dans le tableau d'ascendance correspondant (c29)