Familles ENNETIERES (d') (Tournai,
Belgique) - SAINTE-ALDEGONDE (de)
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Sommaire:
ENNETIERES (1) (Marie D' ),
théologienne et poète belge, née à
Toumay, en 1500, vivait encore en 1539. Elle était fille de
Jérôme D'Ennetières, seigneur de Wastines et de
Fiers, et de Marie Villain de La Boucharderie. Elle se maria, et plus
tard se fit religieuse. Marie d'Ennetières se distingua par
son savoir, mais surtout par son zèle pour la religion
catholique. Parmi ses productions, on cite une Epistre contre les
Turcqz, Juifs, Infidèles, Faulx Chrestiens, Anabaptistes et
Luthériens; 1539, in-8° : cette épitre est en vers
français.
La Croix du Maine, Bibliothèque
française, II, 89. — De Seur, La ville de Lille
illustrée, 99 à 265. - Foppens, Bibliotheca Belgica,
pars secunda, 845. -• Lam-bert Snoy, Cénéaloqies
de Hainaut, feuille 46. — Le Roux, Recueil de la Noblesse du
Hainaut, 69. — Paquot, Mém pour servir à l'hist.
des Pays-Bas, XVIII 200.
{1}C'est à tort que La Croix du
Maine la nomme Marte Dentière.
(source Hoeffer)
ENNETIÈRES (Marie d')fille de
Jérôme sgr de Wastines,
née à Tournai vers l'an
1500 Cette dame est le plus ancien membre de la famille si lettrée
des d'Ennetières de Tournai dont l'histoire littéraire
fasse mention. Mais les anciens biographes, Foppens, Moreri et
Paquot, en parlent assez vaguement et d'une façon peu
explicite. Ils assurent qu'elle fut célèbre par son
savoir, sa piété, et qu'elle devint religieuse, mais
sans dire où, ni dans quel ordre. D'après eux, Marie
aurait fait imprimer, en 1539 une Epistre contre les Turcs, Juifs,
Infidèles, Faulx chrestiens, Anabaptistes et Luthériens,
sans ajouter où ce livre a paru, ni sans en désigner le
format. Or, personne n'en a vu un exemplaire; il est même
très-probable qu'il ne fut jamais livré à la
presse; mais qu'étant resté manuscrit, il aura été
perdu comme tant d'autres. H. Heibig.
Paquot, Mémoires, édit.
in-folio, t. III, p. 606. — Messager des sciences historiques,
année 4861. p. 22-1. —Les d'Ennetières de
Tournay, nouvelles recherches sur cette famille, ibid., année
1875, p. 484. — Emile Desmazières, Nouvelles recherches
sur quelques membres de la famille d'Ennetières. Paris et
Leipzig, 1878, in-8u, p. 6-7. (source: Dico bio belge)
ENNETIERES ( Jean D' ), sieur de
Beaumetz, littérateur flamand, petit-neveu de la précédente
né à Tournay, vers 1585, mort en 1650. Il laissa divers
ouvrages, recherchés à cause de leur rareté
plutôt que pour leur mérite. Le plus curieux dz tous est
un écrit en prose et en vers intitulé : M Chevalier
sans reproches, Jacques de la Laing ; Tournay, 1633; c'est l'histoire
d'un gentilhomme mort en 1453, et qui tient une place honorable dans
les Annales des ducs de Bourgogne. Les autres productions de
D'Ennetières sont :. Les Amours de Théagène et
de Philoxène, et autres poésies; Tournay, 1616 ;
recueil fort médiocre, réimprimé à Lille
en 1650; — Les quatre Baisers que l'âme dévote
peut donner à son Dieu en ce monde; Tournay, 1641 : ces quatre
baisers, aux pieds, aux mains, à la bouche, au cœur,
sont décrits en stances de quatre vers de huit syllabes; —
Sainte Aldégonde, comédie en cinq actes et en vers ;
Tournay, 1645 : pièce singulière, dédiée
à Louise de Lorraine, religieuse capucine ; elle roule sur les
extases de l'amour divin, exprimées dans un style trivial et
bas. G. Brunet.
Viollet-Leduc, Bibliothèque
poétique, t. I, p. 437. — P. Lacroix, Catalogue de la
bibliothèque dramatique de M de Soleinne, t.1, p. 274.
(source Hoeffer)
ENNETIERES {Jaspar d') , chevalier,
seigneur de Beaumez, poëte, naquit à Tournai vers 1555 et
mourut le 20 avril 1622. Il épousa Anne de la Rivière.
Il était conseiller commis des domaines et finances des
archiducs Albert et Isabelle et fut nommé juré de
Tournai en 15 8 9, second prévôt en 15 9 0, 1595, 1598,
1599, mayeur des échevins de Tournai en 1592, 1593, grand
prévôt en 1602, 1603, 1607 et 1608. Jas-par était
fils de François d'Ennetières, seigneur de Beaumez, et
neveu de Marie d'Ennetières, qui précède. Sauf
quelques sonnets et autres pièces de vers que l'on rencontre
dans diverses publications qui parurent de son temps, on ne connaît
de lui que les deux ouvrages suivants : 1° Elégie et chans
funèbres sur le tres-pas de madamoyselte Marguerite de
Mar-quais. Douay, Jean Bogard, 1584, petit in-8° de xlvii pages,
titre compris. Le seul exemplaire connu de ce petit ouvrage se trouve
à la bibliothèque publique de Tournai. 2° La Vie de
saint Malchus, moine syrien, tirée des épitres de S.
Hierosme. Tournai, Adrien Quinqué, M.D.C.XXI,
pet. in-8°de 8 ff. et 88 pages. Ce poëme, extrêmement
rare, est divisé en 3 livres ou chants ; il a été
erronément attribué à son fils, Jean
d'Ennetières, qui suit.
h. Heibig
Messager des sciences historiques,
année 1864, p 222] et suiv., et année 1875, p. 483. —
Nouvelles recherches sur quelques membres de la famille d'Ennetières,
par Emile Desmazières. Paris et . 1878. in-8°, p. 8-10.
(source: Dico bio belge)
ENNIETiÈRES {Jean D'),
chevalier, seigneur du Maisnil, poëte, était le fils aîné
de Jaspar d'Ennetières et d'Anne de la Rivière. Il
naquit à Tournai vers 1590 et fit preuve, pendant toute sa
vie, d'une véritable passion pour la poésie, ou plutôt
pour la rime; il y consacra une grande partie de ses loisirs. Jean
d'Ennetières était juré de Tournai en 1621;
mayeur des échevins en 1625, 1626; second prévôt
en 1629, 1630, et grand prévôt en 1635, 1636. La
Biographie universelle de Michaud le fait mourir vers 1650 ; mais il
est positif qu'il mourut au commencement d'août 1661. Il a
publié les ouvrages suivants : 1° Les Amours de Théagines
et de Philoxène, et autres poésies. Lille. Pierre
Derache, 1616, de 8 ff. limin., 239 p. et 4 ff. pour la table. Il en
parut une seconde édition chez le même imprimeur en
1620, a moins que ce ne soit là qu'un nouveau titre. 2°
Chansons spirituelles, reueues, corrigées et augmentées
de la moitié par l'au-theur. Lille, Pierre Derache, 1616, pet.
in-12 de 104 pages. La première édition a dû
paraître à Lille de 1605 à 1616 dans un recueil
de chansons spirituelles. Une troisième édition fut
imprimée chez le même libraire, en 1620, pet. in-12 de 6
ff., 140 pages et 2 ff. pour la table. L'édition de 1616
contient 46 chansons, odes et ballades; celle de 1620 en renferme 57.
3° Vers panégyriques sur la vie et mort de messire Nicolas
de Catris. Tournay, Adrien Quinqué, M.DCXXI, pet. in-8° de
3 ff. et 32 pages. On n'en connaît qu'un seul exemplaire. 4°
La Consolation de la philosophie de Severin Boece ; traduite du latin
en françois. Tournay, Adrien Quinqué. M.D.C.XXIX pet.
in-8° de 10 ff. limin. et 326 pages, sans le frontispice gravé,
le portrait de Jean d'Ennetières et une autre gravure. La
traduction est précédée de la vie de Boëce.
Brunet parle de la grande rareté de cette traduction, mais
ajoute » qu'elle ne mérite guère d'être
recherchée «. Le savant bibliographe ne l'aura pas bien
examinée, car elle est loin d'être ce que Jean
d'Ennetières a produit de plus mauvais. 5° Le Chevalier
sans reproche Jean de Lalain. Tournay, Quinqué, 1633, petit
in-8° de 7 ff., 418 pages et 13 pour la table, avec frontispice
et gravures. C'est l'ouvrage le plus connu de l'auteur, le seul même
qui soit mentionné par les anciens bibliographes. Brunet dit
que c'est une œuvre « en prose et en vers «. Or,
tout y est en rimes, sauf le titre, l'approbation, le privilège
et la table. De Reiffenberg avait, un peu à la légère,
accusé Jean d'Ennetières de plagiat, à propos de
ce livre; mais il a été suffisamment lavé de ce
reproche mal fondé. 6° Les Quatre Baisers que l'âme
dévote peut donner à son Dieu dans ce monde. Tournay,
Quinqué, MDCXLI, petit in-12 de 6 ff. prél. et 274
pages. Ce poëme pieux, fort rare, est en vers de huit syllabes
et divisé en 4 livres. 7° Sainte Aldegonde, comédie.
Tournay, Quinqué, MDCXLV (1645), petit in-8° de 3 ff. et
103 pages. Pièce aussi rare qu'elle est médiocre. 8°
La Vie de sainte Colette. Tournay, 1647, in-8°. Cette vie en vers
n'a peut-être jamais été imprimée, ou bien
elle est perdue; on n'en connaît aucun exemplaire. Il en est de
même d'une : 9° Vita beatœ Magdalenœ. Ces deux
vies, en vers latins l'une et l'autre, paraît-il, doivent être
restées manuscrites. Jean d'Ennetières s'est encore
fait l'éditeur de l'ouvrage suivant : 10° L'Hermite
pèlerin, par Pierre Camus , évesque et seigneur de
Belley. Douai, Balth. Bellère, 1628, in-8° de 298 p., en
l'accompagnant d'un avertissement et d'autres pièces
liminaires. Il a pris aussi une part active à une édition
du Paradis de la Solitude, par F. Michel de Sainte-Sabine. Tournai,
Quinqué, s. d. pet. in-12 de 258 pages, précédées
de 6 ff., à laquelle il a ajouté beaucoup de pièces
de vers. On rencontre en outre de ses pièces de vers dans bon
nombre de livres publiés de son temps à Tournai et dans
d'autres villes. Tous les ouvrages de Jean d'Ennetières sont
plus ou moins rares et se payent à des prix très-élevés.
D'autres membres de la famille
d'Ennetières se sont fait connaître par leur goût
pour la poésie et les lettres, tant au xvie qu'au xviie
siècle. Tels sont : Pierre, Claude, Jean-Paul et Robert
d'Ennetières, pour lesquels on peut consulter la curieuse
brochure de M. Emile Desmazières, intitulée : Nouvelles
Recherches sur quelques membres de la famille d'Ennetières.
Paris, Leipzig et Tournai, 1878, in-8o de 18 pages. H. Heibig.
Foppens, Biblioth. Belgica, p. 634. —
Paquot, Mémoires, in-fol., t. III, p. 687. — Messager
des sciences historiques, année 4861, p. 220-239. —
Ibid., année 4878, p. 484-494. - Brunet, Manuel, t. Il, col.
986; et la brochure précitée de M. Desmazières.
(source: Dico bio belge)
ENNETIÈRES (Arnould D'),
secrétaire d'État des Pays-Bas à Madrid. Arnould
d'Ennetières appartient à une famille tournaisienne
dont on a tenté déjà plusieurs fois de dresser
la généalogie, sans y réussir de façon
satisfaisante. Il était fils d'un autre Arnould d'Ennetières,
grand prévôt de Tournai, et de Catherine de Cordes. Sa
carrière officielle commence en 1562 quand, par lettres
patentes datées du 22 mars, Marguerite de Parme l'établit
secrétaire extraordinaire du Conseil privé. Le document
assure que depuis plusieurs années l'intéressé a
rendu, à titre officieux, des services à plusieurs
ministres du Roi, notamment au chef-président Viglius. Quatre
ans après, il est appelé à Madrid comme officiai
du secrétaire d'État, de Courteville, et quand celui-ci
quitte son poste, le garde des sceaux, Hopperus, désigne
Ennetières comme susceptible de le remplacer. Le duc d'Albe
déconseille de suivre cet avis, incriminant la discrétion
de l'intéressé, mais le crédit du duc a baissé
depuis l'échec de sa politique. Ennetières se voit
confier le poste qu'il a sans doute convoité, et qui lui
permet de faire valoir ses talents à la cour même du
Roi. Il se sent couvert par des protecteurs influents, mais il a
aussi des ennemis, en particulier don Juan d'Autriche. Aux yeux de
celui-ci, Ennetières est un « grand coquin » qui a
envoyé à Bruxelles des copies de dépêches
secrètes du Roi. Il faudrait le congédier. Il a deux
frères qui sont de fougueux partisans des rebelles. On peut se
demander si le « coquin » s'est jamais douté de
l'aversion qu'il inspirait au vainqueur de Lépante. En tout
cas, quand il écrit au prince, c'est toujours pour l'assurer
de ses bons sentiments et il ne ménage pas non plus ses
compliments à Farnèse. Auprès de Philippe II, la
position du secrétaire demeure inébranlable. Le
souverain assure don Juan qu'il n'a jamais rien trouvé de
répréhensible dans la conduite de cet agent. Il le
consulte directement pour des affaires importantes. En 1576 meurt, en
fonctions, le garde des sceaux des Pays-Bas, Hopperus, le chef
immédiat d'Ennetières. Pendant quatre ans la charge
demeura vacante, et Ennetières se trouva le seul agent belge
dont le Roi disposât à sa cour. A la fin de l'année
1580, la carrière du secrétaire semble toucher à
son terme. Le 29 décembre il écrit au Roi un billet qui
revêt toutes les allures d'une lettre de congé. On lui a
d'ailleurs donné un successeur, Alonso de Laloo. Ennetières
devait finir ses jours dans la Péninsule. Le service du Roi ne
l'avait pas enrichi. En 1582, il se plaint de ce que le paiement de
ses gages est fort arriéré et qu'il a subi de lourdes
pertes. On peut se demander s'il en fut jamais dédommagé.
Pour lui comme pour tant d'autres, le souverain se montra généreux...
en matière de distinctions honorifiques. Le 1er avril 1588, il
accorda au secrétaire et à toute sa famille des lettres
de chevalerie, et, en considération des bons services
d'Arnould, on lui fit remise de la taxe due pour l'expédition
de sa patente. Arnould d'Ennetières mourut en Espagne le 11
avril 1592, ainsi qu'il résulte du registre des traitements
tenu à la Chambre des comptes.
J. Lefèvre.
Fonds des Papiers d'État et de
l'Audience. — L. Gachard, Correspondance de Philippe II, 5
volumes, Bruxelles, 1848-1879. — J. Lefèvre, « Les
d'Ennetières », extrait des Tablettes du Hainaut, t. II,
Hombeek, 1956.
(source: Dico bio belge)
ENNETIÈRES (Jacques D'),
trésorier général des finances, né sans
doute dans les dernières années du XVIe
siècle, mort le 9 octobre 1677. Jacques d'Ennetières
est fils de Jean, conseiller à la Chambre des comptes de
Flandre, puis au Conseil des finances, et de Françoise van den
Berghe. Sa carrière s'est déroulée de la façon
la plus normale. Il a fait ses premières armes à la
Chambre des comptes de Flandre où, « jeune homme à
marier », il est admis à la date du 13 décembre
1617. Après moins de deux ans, le 26 octobre 1619, il est
promu au rang de conseiller-maître extraordinaire et il devient
ordinaire par patentes du 1er août 1620. Il se trouve placé
sous les ordres du président Jacques Bruneau. Cet agent
n'exerce ses fonctions que de façon intermittente, consacrant
l'essentiel de son activité à des missions
diplomatiques auprès de la Cour de Vienne. Le 21 mars 1633,
sur la proposition de l'Infante Isabelle, Jacques d'Ennetières,
qu'on appelle souvent le seigneur de Harlebois, lui est adjoint comme
suppléant. Bruneau meurt à Vienne le 18 août de
l'année suivante et des lettres patentes datées du 18
janvier 1635 confèrent la présidence au seigneur de
Harlebois. Celui-ci entre alors dans la seconde période de sa
carrière administrative. Elle durera une quinzaine d'années.
La protection de l'archiduc Léopold-Guillaume, gouverneur
général, va permettre à Ennetières
d'atteindre un des sommets les plus élevés de la
carrière administrative. Le poste de trésorier général
des finances était détenu par François de
Kinschot ; quand celui-ci l'abandonna pour .devenir chancelier de
Brabant, sa succession fut dévolue à Ennetières.
Il est à peine installé depuis deux ans, qu'on lui
réserve une promotion nouvelle, en le désignant comme
conseiller d'État. C'est encore une faveur de
Léopold-Guillaume qui a insisté pour appeler au premier
département de l'administration, le trésorier général,
homme de bien dont la compétence y serait très utile.
Le prestige d'Ennetières demeure considérable pendant
tout le règne de Philippe IV, ce
dont la correspondance royale témoigne à suffisance. Il
a hérité de son oncle Arnould et de son père le
goût des décorations d'ordre héraldique. Déjà
à la date du 29 décembre 1625, quand il n'était
encore que conseiller à la Chambre des comptes, il avait
obtenu des lettres de chevalerie. Le geste le plus significatif de la
munificence royale est une lettre patente du 23 mai 1664 par laquelle
Philippe IV érigea en baronnie la
terre de La Berlière, une de ses propriétés.
Depuis lors on l'appelle communément le baron de La Berlière.
Les dernières années de sa carrière sont
marquées par un incident grave : on l'accuse de concussion. Le
fait cause du scandale à Madrid, où le Conseil suprême
de Flandre et le Conseil d'État sont saisis de l'accusation.
La controverse commence en 1675 et dure des années. Jacques
d'Ennetières mourut à Bruxelles, âgé de
quatre-vingt-un ans. Sa dépouille fut enterrée dans
l'église Sainte-Gudule. Un monument y fut élevé
par la diligence de son fils et couvert d'une pompeuse inscription
funèbre, vantant notamment sa correction dans la gestion du
Trésor public, son esprit de justice en matière de
comptabilité. Un buste du défunt est placé au
haut du monument. Jacques d'Ennetières avait épousé
Marie Bodequin, morte avant lui et enterrée à Tournai.
J. Lefèvre.
H. Lonchay, J. Cuvelier et J. Lefèvre,
Correspondance de la Cour d'Espagne, t. IV, V et
VI, Bruxelles, 1933-1937. — J. Lefèvre « Les
d'Ennetières », extrait des Tablettes du Hainaut, t. II,
Hombeek, 1956.
(source: Dico bio belge)
ENNETIÈRES (Philippe - François
D'), trésorier général des finances.
Philippe-François est le troisième et dernier «
grand » Ennetières. Le népotisme sévit
dans les sphères administratives des Pays-Bas, pendant toute
la durée des temps modernes. C'est, chose courante de voir une
charge importante dévolue pendant plusieurs générations
à des membres d'une même famille. La fortune des
Ennetières doit beaucoup, elle aussi, à ce népotisme.
Il commence par faire carrière à la Chambre des comptes
de Flandre, où avait siégé avant lui son père,
Jacques. Alors qu'il n'est encore que conseiller, il se voit désigné
par lettres patentes données à Madrid le 27 mai 1663,
pour remplir conjointement avec son père les fonctions de
trésorier général, avec droit de succession au
moment voulu. Le roi Philippe IV justifie
sa détermination par le grand âge du père et la
nécessité d'alléger sa charge. Pareille
promotion fit scandale ; elle ruinait les espérances légitimes
d'autres agents, et ne fut pas étrangère à la
cabale menée contre les Ennetières en 1675-1677. La
controverse battait son plein au moment de la mort de Jacques et
Philippe-François dut connaître des jours d'angoisse.
Une lettre de Charles II, datée du 6 février 1676,
avait signifié qu'il réservait sa décision, mais
que dans le cas où la vaca-ture se produisait, on ne pouvait
mettre Louis-François en possession définitive de son
siège présidentiel, sans ordre de la cour. Et puis la
tempête se calma, soit que les Ennetières aient pu se
justifier, soit que des influences puissantes aient agi en leur
faveur. En tout cas, le fils entra en fonctions et le rapport du
receveur général des Finances montre que la situation
est normale. Comme d'habitude, un chapitre spécial est
consacré aux juges du Conseil. Philippe-François figure
en première place. Il assure la direction effective du
département qui comprend alors quatorze conseillers. Jamais
l'inflation administrative n'avait atteint de pareilles proportions
et ce, au moment où le territoire des Pays-Bas se trouvait
réduit par les guerres de l'impérialisme français.
La gestion du second Ennetières est sensiblement moins longue
que celle de son père. Tout comme ce dernier, il est appelé
à siéger au Conseil d'État. Il est aussi comme
son père amateur de distinctions nobiliaires. Par lettres
patentes du 16 septembre 1680, Charles II lui concède le titre
de marquis des Mottes. La carrière de Philippe-François
se clôture de façon inattendue. Il avait épousé
Marie Obert qui mourut le 9 février 1688. Alors le trésorier
général se démet de ses fonctions, se fait carme
déchaussé et meurt une dizaine d'années plus
tard, le 10 avril 1697. Le mausolée érigé dans
la collégiale de Sainte-Gudule pour le premier Ennetières
recouvre aussi la dépouille du second. On y voit son buste,
qui ne flatte en aucune manière son modèle. Une
inscription rappelle les charges exercées par le défunt,
son entrée en religion et le caractère inopiné
de son décès.
J. Lefèvre.
H. Lonchay, J. Cuvelier et J. Lefèvre,
Correspondance de la Cour d'Espagne, t. IV, V et
VI, Bruxelles, 1933-1937. — J. Lefèvre « Les
d'Ennetières », extrait des Tablettes du Hainaut, t. II,
Hombeek, 1956.
(source: Dico bio belge)
NOIRCARMES {Philippe de
Sainte-Aldegonde, seigneur DE), homme de guerre et d'Etat, chevalier,
capitaine général et grand bailli du Hainaut, membre du
conseil d'Etat, commandeur de l'ordre d'Alcantara. Il était
fils de Jean et de Marie de Rubempré. La première
période de sa vie est peu connue, mais la position de sa
famille l'appelait à jouer un rôle. Il parait avoir joui
de la confiance de Charles-Quint. Il figure parmi les dix-neuf
chambellans qui accompagnèrent l'empereur à la diète
d'Augsbourg de 1547. A l'époque des troubles, il a d'abord une
attitude peu dessinée; il semble avoir été
plutôt favorable aux confédérés. Il
désire, avec d'autres seigneurs belges, la réunion des
états généraux ; il est d'avis que Philippe II
devrait venir présider le conseil d'Etat. Il assiste aux
conciliabules chez le prince d'Orange avecBerghes et Montigny (9
décembre 1565). Granvelle le soupçonne d'avoir favorisé
l'Union de Bruxelles et d'être partisan de d'Egmont (10 mars
1566). Il prend part aux négociations avec François
Baudouin « pour découper la foi romaine d'après
les nouvelles formes ». Il est un des plus âpres
adversaires de Granvelle. Puis, brusquement, il fait volte-face.
Bailli et capitaine de Saint-Omer, il devient, extérieurement
du moins, le fidèle de Philippe II, l'ennemi des fauteurs de
troubles. A quels mobiles a-t-il obéi? On ne sait. Mais, dès
le mois de juin 1566, Morillon signale au roi le revirement : «
L'on est esbahi,» dit-il, « des bons offices qu'il a veu
faire en Haynnault à Noircarmes », et le prévôt
ajoute, non sans une pointe de malice, que Noircarmes « a
tourné sa robe » (23 juin). Quelques jours plus tard, la
chose est manifeste. Le 1er juillet, Noircarmes est investi «
provisionnellement » des deux charges de grand bailli et de
capitaine général gouverneur du Hainaut, et de la
capitainerie du château de Cambrai, en l'absence du marquis de
Berghes. Le 7 juillet, Granvelle écrit au roi que Berlaymont
répondait de Noircarmes. La régente s'était
assuré du concours absolu de ce dernier, de Hierges et
d'autres. Le 9 juillet, Noircarmes assista à la séance
du conseil d'Etat avec Orange, Egmont, Arschot, Mansfeld, Berlaymont,
Viglius, Philibert de Bruxelles et d'As-sonleville, séance
dans laquelle on débattit sur ce qu'il y avait à faire
pour empêcher les perturbateurs de venir à Bruxelles.
Noircarmes fut conciliant, et, en cette circonstance, fidèle à
lui-même : « A maulx si grands », dit-il, «
fault chercher remèdes extrêmes, assemblant les états
généraux, ostant la diffidence que les gentilshommes
ont du Roy et de Son Altesse et, ce faisant, aydera beaucoup à
remédier à tout, etc. ». La duchesse, opinant en
dernier lieu, s'arrêta au parti suivant : on négocierait
avec les confédérés et l'on préparerait
un écrit contenant les représentations à faire à
ces derniers. Le 19 août, assemblée des chevaliers de la
Toison d'or. Marguerite de Parme leur adjoignit Viglius, Philibert de
Bruxelles, Christophe d'Assonleville, enfin Noircarmes qui, de jour
en jour, pénétrait plus avant dans l'intimité de
la gouvernante. La réponse à faire aux confédérés,
arrêtée en principe dans les délibérations
précédentes, fut libellée le 22 août. Le
même Berlaymont, Arenberg et Noircarmes conseillèrent à
la duchesse de quitter Bruxelles et de se retirer à Mons. Elle
resta à Bruxelles sur les instances de Hornes, Egmont et
Orange. Celui-ci avait dit qu'il convoquerait aussitôt les
états généraux. Marguerite ne tarda pas à
regretter sa réponse aux confédérés —
cessation de l'Inquisition, promulgation d'un nouveau placard,
lettres d'assurances aux confédérés qui se
comporteront « en bons et loyaulx vassaux et subjectz »,
— et elle chercha à se dégager de ses promesses
et à réserver l'avenir, à établir aux
yeux du roi qu'elle n'avait pas agi librement, mais comme contrainte
et forcée. Elle le fit dans une dépêche à
Philippe II, du 30 août. Elle en appelle au témoignage
de Noircarmes, de Mans-feld, de d'Arenberg, de Berlaymont et de
Viglius. Noircarmes, de son côté, se séparait peu
à peu du prince d'Orange, d'Egmont et de Hornes. Ce dernier
écrivait, le 10 octobre, à Montigny, son frère :
« Celui qui a pour le moment grand « crédit à
la cour est Monsieur de Noircarmes, vostre grand ami, vous asseu-rant
que Monsieur d'Egmont, prince d'Oranges et moy sommes fort mal
satisfaits de luy, veu les propos qu'entendons il tient de nous,
blasmant en partie nos actions ». Il convient d'ajouter que,
touchant la convocation des états généraux et la
nécessité de la venue de Philippe II à
Bruxelles, Noircarmes avait émis un avis de tout point
semblable à celui de d'Orange, Hornes et Egmont. La cause des
dissentiments doit donc être cherchée ailleurs. Le rôle
militaire de Noircarmes fut plus important que son rôle
politique. La ville de Valenciennes se distinguait par une attitude
de révolte et ses habitants étaient surexcités
par les prédications de Pérégrin de La Grange,
de Narbonne, ministre calviniste, que son fanatisme avait déjà
fait remarquer en France. Inquiète de la conduite des
séditieux, Marguerite enjoignit à Noircarmes de
rétablir l'ordre dans la ville et de prêter main forte
aux magistrats; mais les chefs calvinistes, La Grange en tête,
travaillèrent si bien les esprits, que les Valenciennois
refusèrent de recevoir une garnison. Après diverses
sommations, Noircarmes mit le blocus devant la ville et la déclara
rebelle, le 17 septembre 1566. Désireux d'éviter
l'effusion du sang, il traînait le siège en longueur;
toutefois, apprenant que les calvinistes d'Armentières
envoyaient des .troupes à ceux de Valenciennes, il marcha
contre elles et les défit à Watrelos. Peu après,
sur la nouvelle que quatre mille calvinistes, sous les ordres de Jean
Leveau, cherchaient à surprendre Lille, il se porta à
leur rencontre et les battit près de Lannoy, leur enlevant
neuf drapeaux, vingt pièces de campagne et deux tonneaux de
poudre. De retour au camp de Valenciennes, il reçut de la
gouvernante l'ordre de presser le siège en resserrant le
blocus, afin d'affamer la ville, en attendant l'arrivée de
régiments allemands qui devaient le rejoindre. Il avait, à
plusieurs reprises, écrit à la gouvernante que, sans
verser le sang, il lui était impossible de remplir sa mission.
Cependant, la duchesse, conformément aux instructions du roi,
désirait éviter à Valenciennes les horreurs d'un
assaut et d'un bombardement. A cet effet, elle envoya au camp le
comte d'Egmont et le duc d'Arschot en vue d'essayer de ramener les
sectaires à de meilleurs sentiments. Mais ceux-ci, instigués
surtout par La Grange, Gilles Leclercq et d'autres, loin de se rendre
aux conseils des deux délégués, firent montre
d'une telle arrogance que Noir-carmes ordonna le bombardement de la
ville pour le 20 mars. Après une canonnade de trente-six
heures durant laquelle trois mille boulets furent lancés dans
la ville, Noircarmes y fit son entrée, le 24 mars, s'emparant
de quatre-vingts canons et de toutes les munitions de guerre,
désarmant les bourgeois, faisant pendre plusieurs notables,
instituant des commissaires royaux pour administrer la ville. Tournai
tomba aussi peu après en son pouvoir. Il y fit exécuter
les deux ministres calvinistes, Gui de Brès et Pérégrin
de La Grange (31 mai). Maître de Valenciennes, Noircarmes était
allé s'emparer de Bois-le-Duc et de Maestricht, et la régente
lui donna l'ordre de se porter sur la Hollande pour renforcer Meghen.
Ayant opéré sa jonction avec Boussu, il embarque six
cents hommes de pied, dix-huit cents pionniers et ses canons sur
cinquante vaisseaux et arrive par l'Yssel à Gouda (5 mai
1567). Il établit une discipline sévère. Afin
qu'il ne soit causé aucun préjudice à
l'habitant, il défend à ses soldats de descendre à
terre et se dirige sur Amsterdam, suivi de près par cinq cents
cavaliers et cinq cents canonniers arrivés par Schoonhove. Le
7 mai, campé devant Amsterdam, il demande, au nom du roi,
qu'on lui livre la ville. Les calvinistes prennent peur ; ils
s'enferment chez eux. A neuf heures du soir, les portes sont ouvertes
par les catholiques. Noircarmes les franchit avec six compagnies de
gens à pied. Le 15 mai, il rendit l'église des
Minorités à leurs possesseurs, les protestants en ayant
été expulsés, et ordonna que les bourgeois
livrassent leurs armes. Il disposa ensuite que Haarlem recevrait
comme garnison une compagnie, Leyde et Delft deux. Toute la Hollande
fut peu à peu en son pouvoir. Il songeait à soumettre
la Gueldre et l'Overyssel, lorsque des députés de
Groningue et de Harderwyk vinrent lui dire que leurs villes étaient
disposées à se rendre et à recevoir garnison.
Les affaires ayant pris cette tournure, Noircarmes partit le 11 juin,
avec onze bateaux, d'Amsterdam pour le Brabant, par Gouda, gardant
les soldats à bord, afin de prévenir tout désordre.
Meghen retourna à Utrecht, Noircarmes fut en faveur auprès
du duc d'Albe. Il était allé le saluer à
Thionville à son arrivée d'Espagne. Le duc le nomma
aussitôt membre du conseil des troubles, mais Noircarmes n'y
parut qu'une fois, le jour de son installation. Il conseilla à
Egmont de ne pas suivre l'avis du grand prieur, fils naturel du duc
d'Albe, qui l'engageait à fuir : « On dira, »
ajouta-t-il, « que vous vous sentiez coupable. Votre fuite ne
passerat-elle pas pour un aveu de haute trahison ? ». Le duc le
consultait sur l'introduction du 10e denier que Noircarmes désirait
voir appliquer de façon que les manufactures en fussent
exemptées. En 1572, il prenait part au siège de
Haarlem. L'année suivante, Boussu ayant été fait
prisonnier dans le combat naval sur le Zuyderzee, Noircarmes reçut
le commandement de la Hollande. Il remplit aussi, à la place
de Boussu, les fonctions de gouverneur d'Utrecht. Il essaya de se
rendre maître de Gouda, mais échoua. Requesens l'avait
chargé de négocier la paix avec les états
généraux de Zélande. La mort prévint
l'exécution de ce projet. Noircarmes succomba, le 5 mars 1574,
à Utrecht, aux suites d'une blessure reçue au siège
d'Alkmaar. Il avait épousé Bonne de Lannoy, dame de
Maingoval, Bugnicourt,etc. (Selon Van-der Aa, sa femme aurait été
Aline de Liévin, dite de Famars). Comme général,
Noircarmes était hardi et résolu ; il avait le coup
d'œil pénétrant, la volonté inflexible.
Homme politique, le revirement qui marqua les débuts de sa
carrière officielle force à discuter sa mémoire.
Les historiens hollandais l'ont dépeint sous de sombres
couleurs. Ils ont dit qu'il était « un courtisan peu
sincère » et, en plus, « un cruel animal ».
En 1570, il avait été confirmé dans ses
fonctions de grand-bailli et de capitaine général
gouverneur du Hainaut ; il les conserva jusqu'à sa mort. Dès
le mois d'octobre 1566, il avait établi sa résidence
presque permanente au château de Cambrai. Les éditions
de 1570, 1572 et 1591 de la Praxis rerum crimi-nalium, de Josse de
Damhoudere, lui sont dédiées.
Baron Emile de Borehgrave.
Les historiens belges et néerlandais.
— Van cler Aa. — Coiresp. de Philippe H, t. I, p. 408,
461; III, p. 33. — Corresp. de Granvelle, t. I et II, passim. —
Edmond Poullet, Les gouverneurs de province dans les anciens Pays-Bas
catholiques. — Ch. Paillard, Huit mois de la vie d'un peuple.
Les Pays-Bas du premier janvier au premier septembre -1560 {Mémoires
de l'Académie royale de Bruxelles, m-So, 1, XXVIII, 1878). —
Diissel-dorpii Annales, 1894, p. 82, 83, 84. — Revue d'histoire
et d'archéologie, t. I (Bruxelles, -1859), p. 484,
(source: dico bio belg).
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